
Haaalala, inutile de vous dire que j'étais toute excitée comme une puce à l'idée de rencontrer ce grand bonhomme qui se trouve être Philippe Auguin. La boule au ventre et le cœur serré était bien sûr de la partie vu le parcours impressionnant de cet homme ! Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce musicien est directeur musical de l'Opéra de Nice, de Washington et joue un petit peu partout dans le monde sauf, je cite, "en Afrique et en Alaska". Tout cela en plus de sa culture qui semble sans limite et qui a déjà eu à faire au New-York Times ou au Gate, oui forcément ça impressionne ! Mais c'est un homme plein de gentillesse qui s'est présenté à moi, drôle, et d'une simplicité déconcertante. Un excellent moment donc, en ce samedi 13 novembre en sa compagnie !
Depuis quelques semaines, Philippe Auguin, directeur musical de l'Opéra de Nice mais aussi de Washington, nous fait honneur de sa présence à Nice notamment pour le festival C'est pas Classique. Dans son agenda bien chargé il a réussi à nous accorder un peu de son temps, entre deux représentations. Entretien avec "le chef du nouveau millénaire".
Camille C. : Né à Nice, vous êtes directeur musical du Philharmonique de Nice mais vous serez également à partir de 2010/1011 celui de l'Opéra National de Washington succédant à Heinz Fricke qui l'a dirigé pendant 18 ans. N'avez vous pas trop la pression ?
Philippe Auguin : Absolument pas car c'est l'orchestre qui m'a choisi à l'unanimité et c'était la première fois depuis des années qu'il y avait de bonnes critiques. Washington a comme particularité d'avoir une bonne critique musicale, et "le crépuscule des Dieux" a été décrit par le journal comme étant la meilleure chose qu'il y ait eu depuis des années musicalement.
C. C. : Avez-vous d'autres projets pour les années à venir ?
P. A. : Je vais gérer Nice et Washington bien entendu et je vais continuer à diriger l'opéra de Vienne en plus des concerts et d'autres maisons d'opéra. Bien entendu le calendrier est déjà très plein.
C. C. : Vous avez donc été partout dans le monde et faites partie des chefs les plus demandés de votre génération. Revenir à Nice doit donc être source d'apaisement pour vous ; qu'est ce que cela vous procure, vous qui êtes niçois d'y revenir afin d'y exercer votre métier ?
P. A. : Ca fait 27 ans que je suis parti, je retrouve des visages amis avec un immense plaisir mais disons que ce n'est pas comme si j'avais travaillé à Nice, je suis partie au début de mes études et je me sentais déjà appelé par le grand large à l'époque et je suis devenu un véritable cosmopolite depuis, même s'il y a toute une partie de mon histoire je n'ai pas l'impression de revenir à Nice. J'aime m'adapter aux différentes situations, c'est une gymnastique sociale et spirituelle car tout le monde est différent.
C. C. : Et l'orchestre de Nice ? Comme le définir?
P. A : Ce qui m'a fait plaisir et qui a éveillé mon appétit de Nice : c'est l'appétit du groupe pour travailler, pour la qualité, j'ai senti qu' ils avaient envie d'être heureux dans leur métier par l'acquisition de la qualité. Faire plaisir est intimement lié à la qualité.
C. C. : Vous avez déclaré "la musique donne un sens à ma vie" dans Le Figaro, depuis quand voulez-vous faire ce métier ?
P. A. : C'était mon premier voyage au festival de Bayreuth j'avais 17 ans et j'ai pu assister au 2ème acte de Siegfried de Wagner et je me suis dit que c'était pour moi, ça a été la révélation.
C. C. : Quelle a été la réaction de vos proches quand ils l'ont appris ?
P. A. : Mes parents n'ont aucun contact avec la musique classique mais ils m'ont soutenu du mieux qu'ils ont pu, je suis parti complètement dans la musique à 22 ans après des études de droit.
C. C. : De 2002 à 2009 vous avez été nommé consul honoraire de France en Allemagne, pouvez-vous nous en dire plus quant à ce rôle durant cette période ?
P. A. : J'ai été élu par le conseil des français à l'étranger et même si j'avais beaucoup de choses à faire, je me suis dit que mon papa serait très fier donc je l'ai fait et je suis le premier de ma famille qui n'a pas du faire la guerre aux allemands. Il y a 2 manières de conduire ce travail : attendre que ça se passe comme pas mal de notables ou animer la vie de la communauté française en Bavière. Je me situe dans la deuxième catégorie. J’étais un consul honoraire extrêmement actif qui a donné beaucoup de son temps et de son énergie, je ne voulais pas le reprendre simplement de manière honorifique, j'étais donc atypique.
C. C. : Le New-York Times ou encore Le Gate de San Fransisco ont publié des éloges sur vous, affirmant notamment qu'en votre présence "l'orchestre n'a jamais aussi bien sonné" ou encore que vous êtes "un musicien de qualité supérieure". N'êtes-vous pas blasé par ces éloges journalistiques ?
P. A. : Absolument pas, je travaille beaucoup trop pour ça, et chaque jour est un nouveau jour.
C. C. : Vous avez été assistant de Herbert von Karajan et Sir Georg Solti quelle leçon avez-vous tiré de ces collaborations ?
P.A : Je ne peux pas résumer en quelques mots le contact avec les chefs d'orchestres les plus géniaux du siècle et même de l'histoire. Ce sont des gens qui m'ont choisi pour être leur élève et leur assistant et à part ce qu'on peut appeler le génie de ces gens, l'incroyable discipline de travail et le dévouement à l'œuvre en tant que telle était total et tout leur savoir, leur art était entièrement dédié à la réalisation de l'œuvre.
C. C. : Désormais directeur musical de l'ONW, vous y avez fait vos débuts en 2009 avec "le crépuscule des Dieux" de Wagner, attachez-vous une importance particulière à Wagner ?
P. A : Les opéras de Wagner ou Strauss sont extrêmement durs à diriger, ils sont tellement techniques. On vous engage quand vous les connaissez très bien. J'ai eu le bonheur qu'on me les confie à seulement 29 ans et ça s'est très bien passé heureusement. Ces compositeurs ont révélé mon amour pour la musique et je m'identifie à leurs œuvres.
C. C. : Les œuvres de Beethoven sont les plus jouées au monde, Hoffman a même déclaré à propos de la 5ème symphonie : "c'est une des œuvres les plus marquantes de l'époque". Pensez-vous que c'est toujours le cas actuellement ? Si non, quelle est l'œuvre la plus marquante selon vous de nos jours ?
P. A : Peu importe à quelle époque on se place, elle nous marque l'esprit grâce à l'immédiateté des éléments, la compréhension immédiate des éléments que Beethoven a utilisé : il y a deux intervalles et rythmes que tous le monde peut reconnaitre et mémoriser. C'est un voyage que n'importe quel auditeur peut faire. C'est un drame qui est organisé entre les thèmes. Avec cette œuvre, Beethoven nous emmène faire un voyage.
C. C. : Vous jouez 4 programmes successivement depuis deux semaines : John Williams, Strauss, Wagner, Schoenberg, Beethoven ... Comment faites-vous pour maîtriser autant de répertoires différents dans un temps aussi restreint ?
P.A. : J'ai profité du hasard du calendrier pour montrer ce que l'orchestre peut faire en très peu de temps. Et je dirai que c'est comme un acteur qui aujourd'hui jouerait Molière et demain Shakespeare, il faut être capable de changer de peau et se mettre dans la peau du compositeur et trouver le ton idiomatique qui convienne pour que Beethoven soit du Beethoven et Strauss soit du Strauss.
C. C. : Après avoir autant voyagé, découvert autant de personnes, de culture, quel est votre meilleur souvenir musical ?
P. A. : La première fois que j'ai dirigé au Métropolitan de New-York, au bout d'une heure et quart de répétition l'intendant monsieur Vol Pe m'a dit "Philippe vous pouvez vous sentir chez vous" et les musiciens m'ont dit "nous avons l'impression de travailler avec vous depuis 20 ans".
Il y a eu beaucoup d'implication dans ce projet histoire de ne pas passer pour débutante inculte, et pas mal d'appréhension, j'espère que le résultat est donc concluant ! En attendant j'ai du couper quelques passages à contre-cœur qui rendaient les réponses trop longues. En bref, une excellente rencontre, et un premier interview qui restera un merveilleux souvenir !

http://www.youtube.com/watch?v=OBFNk7D7CzI star wars par l'orchestre de Nice lors de C'est pas Classique.
Coucou
RépondreSupprimerC'est trop bien !!! ça fait très pro ça se voit que tu as travaillé sérieusement à élaborer des questions précises et c'est un véritable privilège et une expérience géniale que tu as eu de rencontrer personnellement une figure pareille!
Tu étais vraiment toute proche le jour du concert la chaance!
c'est supèèèr =DDD
bisous!!!
C'est vrai ce que dit ginger , tu pourrais etre journaliste ! ;)
RépondreSupprimerEt puis merciiii !
Et pour les interviews , c'est vraiment de la chance, on se présente ( après avoir remuer ciel et terre pour trouver le mail du responsable media/ presse ) et on demande une interview, pour cocoon, on a du attendre la sortie du nouvel album alors qu'on l'a demandé en mai dernier si je me rappelle bien dd , mais ça en valait suuuper le coup !
Bisouuus xx
( je follow )
Merci beaaaaucoup pour ton commentaire, et puis patience l'été arrive et tu pourras te faire un bronzage à faire tourner les têtes hahah !
RépondreSupprimerSinon ça fait super longtemps que tu n'as pas poster :(
Occupée ?
Bisouuuus (l)